novembre : mois d'intenses réflexions existentielles
Bilan de presque 3 mois de vie bruxelloise : mitigé
Objectivement, les cours sont très intéressants, la ville (ce que j'ai eu le temps d'en voir) me plait, j'aime mon appart', je ne m'ennuie pas (malheureusement, pas le temps) et pourtant...
5 années d'études de psycho ont largement entaché mon moral, mon enthousiasme, mes espoirs et mes projets d'avenir
J'en viens même à regretter de m'être engagée dans cette voie : en 2001, je ne savais pas encore que la psycho m'aurait plu à ce point, je n'aurais donc pas regretter de ne pas l'avoir fait: ce qu'on ne connait pas ne nous manque pas. J'aurais pu avoir une vie pepere (selon mon imagination) d'instit ou de prof de français, j'aurais pu être l'orthophoniste que j'espérais avant mon bac, mais j'ai choisi psycho!
J'ai gaspillé tellement d'energie pour ce cursus! Est ce que ça en valait la peine?? Tout ça pour bosser, bosser, bosser, y croire, rebondir encore et encore et être encore en master 1 aujourd'hui, sans même être sûre de passer en M2!!
Tout ça pour ne pas trouver de travail à la sortie, pour galérer 5 ans après le diplôme et trouver un tiers de quart temps, pour un salaire de misère, pour ne pas être reconnu par ses pairs, par les autres soignants, par les personnes qui demandent dès qu'ils connaissent ton taf "mais t'es pas en train de m'analyser là?" ou qui te racontent leurs histoires de cul en attendant une analyse ou je ne sais quoi, dans un bar glauque entouré de bouteilles de whisky (2 sur la table et une dans le nez).
Pour osciller sans cesse entre l'espoir, l'enthousiasme et les encouragements, les stages passionnants, la motivation blindée et l'effondrement, les remises en question permanentes, les rejets de candidature par des profs qui se disent psychologues mais ne comprennent rien à l'empathie! Tout ça pour ça!
Pour arriver à 24 ans (dans moins d'un mois, ne l'oubliez pas!!) en se demandant, après tout cela, si on a bien choisi notre voie!
Est ce que j'aurais mieux fait de me péter le bras en signant mon inscription en psycho ou est ce que j'ai bien fait de ne pas tomber de l'arbre?
Tant de gens ne me voient ou ne me voyaient pas psychologue!
Tant de gens me reprochent ou me reprocheront ma sensibilité parce que, bizarrement, un psy doit être un robot! Quand on (je) pleure, crie, s'enerve, s'effondre, se soule, rit trop fort, fait des cauchemars, vit : on se prend notre travail en pleine face (et ça m'est arrivé) : "bah dis donc, pour un psy, va te soigner!!" Et c'est ce que beaucoup de gens pensent : un psy doit être empathique, compréhensif et blablabla mais ne doit pas avoir de problèmes, doit toujours tout supporter, doit être parfait!
Sauf que je ne le suis pas
J'en ai marre
Parce que mes capacités de rebondissements, de croyance en moi-même, voire d'estime de moi-même se prennent tellement de claques qu'elles finissent par ne plus se manifester;
Parce que si je me plante cette année, j'arrête
Parce qu'il faut savoir se dire "stop, on arrête les frais"
Mais un bac+4 de psy, ça ne vaut rien du tout,
Ces études ne valent rien du tout
On apprend beaucoup, on y croit, on aime ça mais on apprend surtout à se décourager et à ne plus accepter l'échec parce qu'il ressemble à un échec gratuit, inexpliqué, incompris et donc, par définition, indépassable
est ce que je vais supporter encore longtemps toute cette pression sur mes frêles épaules? Les exam' approchent et j'ai l'impression de ne pas avoir fait le quart de tout ce que j'ai à faire! Donc je vais terminer cet article, aller à mon cours de yoga et travailler, travailler, y croire encore et encore et cette fois-ci, ne pas me rétamer!
Changeons de sujet : une critique de film, ça faisait longtemps
Samedi, je suis allée voir Darling, avec G. Canet et M. Fois
Sincèrement, mieux vaut ne pas aller voir ce film si on a le moral dans les chaussettes car il a tendance à pousser au suicide!
En résumé, c'est l'histoire d'une nana qui n'a pas de bol : elle grandit dans une famille où elle est mal aimée, se marie avec un homme qui la bat, la trompe, la viole. Chaque fois qu'elle sort la tête de l'eau, c'est juste la vie qui la feinte, ça tournera mal de toutes façons..
Les acteurs jouent merveilleusement bien (surtout Guillaume Canet!), le film est bien tourné mais l'ambiance devient rapidement très (trop) lourde. Au début du film, les choses sont traitées avec humour mais plus l'histoire avance, plus le film perd ce côté ironique (même si l'histoire n'est pas drôle, à la fin ça devient vraiment atroce) et on finit par avoir l'impression d'une superposition de malheurs, ce qui donne la nausée au bout d'un moment. Je ne suis pas ressortie de la salle indemne, quand les lumières se sont rallumées, je me sentais plutôt mal.
C'est un beau film, que je ne regrette pas d'avoir vu mais attention aux âmes fragiles, ça fait pleurer